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Métropolis, la métropole de 1837... Quelle sera votre révolution ? Romantique ou industrielle ?
 
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 Dans les catacombes, l'horizon funèbre

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Octave de Roop
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Octave de Roop


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MessageSujet: Dans les catacombes, l'horizon funèbre   Dans les catacombes, l'horizon funèbre EmptyMar 4 Aoû - 2:32

Arrow - Dans l'Eglise et en dessous -

Les voûtes séculaires de l'Eglise Notre-Dame de Métropolis venaient de subir un choc d'une rare intensité. Ses pierres et ses statues, ses colonnes et ses murailles restées figées depuis plusieurs siècles, sa narthex paisible et sa chaire sûre n'avaient plus oscillé de la sorte depuis fort longtemps. Ce n'est pas l'Apocalypse. Un tremblement dangereux, qui n'occassionna heureusement que la chute de quelques petites roches mal fixées au reste de l'imposant édifice. Le journal ne dit rien le lendemain, et pas un seul habitant n'évoqua cette secousse, qui après tout n'a dûe être ressentie que par le seul père Gaudriole, lui-même plongé dans un profond sommeil de vin rouge.

Pourtant, les Saints gravés et les coupes de baptème, les bénitiers et les bancs, tout avait bien été baigné dans cette onde de choc mystérieuse qui venait des catacombes.
Ces pièces basses et oppressantes aux forts accents de chair aigre et momifiée n'étaient plus peuplées que très occasionnellement par des romantiques en mal d'art gothique, ou par une élite choisie de très nobles cadavres. Cependant, certaines élites vivantes à l'esprit dérangé appréciaient encore la compagnie des morts et du silence religieux qui règne dans ces vastes palais souterrains.

Octave y descendit ce jour-là plus tard que d'habitude. Il lorgna avec délectation, caressant du regard les courbes et les branches carrées de l'Oeuvre. Enfin, le tableau était terrifiant.
Homme de son siècle, Octave. On croyait les gens de cette espèce, les industriels, dépourvus de tout mysticisme, terre-à-terre, des éxecutants comptables qui ne mettent pas la moindre magie dans leur tâche... Force est de constater que le siècle est étrange. Il est celui de tant de révolutions, criées en place publique ou dissimulées dans des cryptes. Ce siècle enchante le monde, et ses acteurs ne cessent de déployer un fervent mysticisme dans tous leurs ouvrages. Agissant avec la fièvre et l'application d'un grand sorcier, Octave de Roop n'avait depuis de longs mois plus rien du loup aux dents longues qu'il était. Il est de ceux qui, infiniments rongés par un désir d'ambition plus fort qu'eux, consumés chaque jour un peu plus par les responsabilités qu'ils endossent, aspirent à une perfection.
Les romantiques font le songe du monde naturel, et restent ébahis devant Dame Nature. Dans les salons on chante la Gloire d'un naturel trop oublié par les dames de la Haute Société, que pourtant l'on fréquente et courtise avec passion. On agace les classiques et on se pâme dans un inconfortable terreau de spleen qui nous rend si créateurs.
Ces mêmes Dames, chez les premiers anarchistes on aspire qu'à éradiquer ces tristes sires bouffis d'orgueil. Les hommes se divisent en de nouvelles races verticales, de haut en bas, en classes opprimées et en classes dominantes. On crie à la manifestation, à la révolte, à la révolution. Dans les bas-fonds sales comme dans les foyers ouvriers, on grogne.

Et puis il y a nos loups. Brillants fils, esprits avides, ces gens-là en veulent déjà à l'avenir. Avant de créer, ces artisans d'un jeune sustème veulent faire place nette et effacer le passé. Une toile blanche sur laquelle on dessinerait les frontières, les routes de commerces nouvelles, les nouveaux moyens de produire ! Tout cela prendra du temps, il y a encore des continents entiers à explorer sur les cartes de ce nouveau monde, de cette terre promise à atteindre : le capitalisme. A chacun de chevaucher vers l'Eldorado, à bord des vaisseaux éclaireurs de la société de demain, société patronymiques nouvelles élancées sur les mers de la Bourse. A chacun de mener désormais sa révolution. Nous sommes en 1839. Ah, deux ans de labeur à Métropolis, déjà, pensait l'autrichien.

Il venait d'Autriche. C'est la première chose dont il se souvenait les rares fois où il pensait à sa propre personne. Rien d'autre ne lui venait à l'esprit. L'esprit, il le perdait, et toute sa conduite lui échappait chaque heure davantage. Il consacrait à son grand dam de plus en plus de longues secondes à la recherche de son prénom. Octave...
Sa personnalité s'émoussait à mesure qu'il était dévoré par l'ouvrage. Il ne comptait plus les jours, il ne comptait plus les nuits sans sommeil. Il vivait dans une léthargie quasi-constante, il ne connaissait plus le sommeil. Il était constemment frigorifié, et en ce sens n'a plus eu froid depuis trop longtemps. Il perdait le sens commun et toutes ses convenances d'aristocrate.
Quelle lumière le guide ? De quel tambour entend-il le roulement ? Où avance-t-il ?
Personne ne pourra plus le faire ployer désormais. Monsieur le Ministre De Roop a déjà cedé. L'ennemi qui l'a terrassé n'est pas de Cathanie.
La plus grande menace qui plâne sur la tête de l'homme le plus invincible de Métropolis est sans doute la peur. Le citoyen aussi a peur ! Qui n'a pas laissé De Roop, l'homme de science éclairé, poursuivre sa course vers l'avenir ? Cet homme part devant en éclaireur, il est impétueux, imprévisible et tellement charismatique. Ce qui a guidé Octave au devant, pourtant, était une force sans bride, issue du siècle même. En une année, Octave s'asseoit sur la catapulte : homme politique, même du gouvernement, détenteur d'une monopole européen du chemin de fer. Que lui faut-il ? Rien d'autre que de la vapeur pour avancer. On ne guérit pas de la maladie d'Octave, car on n'en veut pas guérir. Tenir le levier et abaisser au bon moment ce qui lancera la réaction en chaîne la plus longue de l'Histoire...
Choisit-on d'être un visionnaire ? Octave est parti en éclaireur et a vu. Au tournant, il a aperçu. Cette illumination éclatante de superbes engrenages. Il est déjà aspiré vers demain.

Cadavre parmi les cadavres, d'une pâleur inhumaine et d'une voix de ténor d'outre-cave, il entonna son chant de directives pour les manoeuvres et ouvriers qui attendaient religieusement la parole de monsieur De Roop. Son atroce cantilène achevée, il fit signe à ses ouvriers de se disperser, et grimpa sur une plate-forme en hauteur pour mieux voir la scène. On se préparait à jouer une musique démoniaque, et chacun, avec l'application d'un musicien et de son instrument, se mettait en place face à une pièce de la gigantesque machinerie. Bien vite, leur danse fut coupée par la toux rauque d'Octave. Il respira très buyemment et repris son souffle avant de s'époumonner derechef :


- Non ! Attendez... Pas aujourd'hui. Nous répèterons un autre jour... Je ne me sens pas prêt.

- Essayez de dormir
, dit un lieutenant qui eut l'audace de mettre sa main sur l'épaule d'Octave.

- On offre pas de mourir à un immortel ! Je dois penser pour vous tous.

- Monsieur... Ce que vous dites n'a plus aucun sens. Il vous faut vous reposer au plus vite... Nous feront une autre percussion plus tard...

- Bientôt, tout cela sera fini, bien vite. Nous devons mettre en marche, faire fonctionner, animer ce patin... Cette installation sera tellement... Une fois en mouvement. Si... Parfaitement...


Il resta les bras ballants, soutenu par son assistant pour ne pas tomber. Ses yeux perdus dans le vague devinrent soudainement plein de colère. Il serra les poings si fort qu'il en trembla exagérément.

- Je ne veux pas être faible... Je ne veux pas qu'on me prenne pour un aliéné... Je ne suis pas fou.

Jetant un regard noir à ses collborateurs, il ne vit que la chose la plus angoissante qu'un humain puisse voir. Les lieutenants semblaient réaliser la fragilité de leur travail auprès de ce personnage étrange d'Octave... Ils regardaient tous avec une immense inquiétude leur guide dans cette aventure. Ces élèves demeuraient apeurés, les yeux plein de craintes. Le maître, lui, ne percevait plus rien.
Il ressentait comme le crochet de la Mort qui l'attrappe par le col, il croyait plonger dans un cauchemar sans fond. Personne ne semblait plus le comprendre. Il entra dans un crise de démence devant tant d'incompréhension et hurla en bousculant l'un des ouvriers qui s'étaient approchés. Le temps ralentit dans des proportions incroyables. L'homme à terre détala encore à quatre patte, fuyant Octave comme un démon.
Tous faisaient cercle autours de lui et plantaient leurs yeux sur lui comme des lances. Il demeurait impuissant, le souffle court, ceinturé par des humains qui lui semblaient tellement plus hostiles qu'avant. On le regardait comme une bête en cage, comme un esclave. L'animal, lui, ne percevait plus rien.
Faisant un pas vers ces lourdes entités craintives qu'il ne discernait plus, il sentit qu'on s'écartait à mesure qu'il avançait. Il prit conscience péniblement qu'il était toujours en train de parler, sans pour autant qu'il puisse se comprendre. Il criait des mots sans but, prit d'une loghorée qui stupéfia l'entière crypte. Qu'était-il à cette heure ? Comme un insecte au coeur d'une foule d'éléphants qui n'entendent pas. L'insecte, lui, ne percevait plus rien.

Une lumière l'éblouit. il sentit s'endormir. La lumière d'un phare ? Non. C'est celle... D'un train. Le train lui passe dessus mais il ne sent rien. Le cercle d'ébahis se referma sur lui avec une lenteur comme il n'en avait jamais vu. Il tente de les repousser en s'écriant de plus belle, la voix déraillante :


- Je ne suis pas fou ! Arrêtez de me regarder ainsi ! Pourquoi me regardez-vous comme ça ? Comprenez-moi ! Vous êtes cruels ! Comprenez-moi ! Je ne le veux pas, mettez-vous à ma place ! Je ne l'ai pas voulu ! Pourquoi ne me comprenez-vous pas ? Pourquoi personne ne me comprend plus ?

Parce qu'il était devenu aphasique, plus personne ne pouvait prendre d'ordre de lui. On était incapables au fin fond de ces catacombes de déchiffrer les paroles d'Octave de Roop.
Cette accès de folie passager laissa la place à une période de calme plat dans l'océan de son esprit bouleversé.

Il ne vit plus que du noir, entendit des cris sourds et affolés fuser autours de lui, sentit ses jambes et ses bras comme s'engourdir et sa tête heurter sèchement le sol. La lumière du train s'éloigna à toute vitesse.
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MessageSujet: Re: Dans les catacombes, l'horizon funèbre   Dans les catacombes, l'horizon funèbre EmptyDim 9 Aoû - 1:57

...


Tandis que certains lieutenants avait pris la fuite, que la masse des ouvriers s'était réfugiée à la surface, chercher la chaleur dans un café, et qu'une petite minorité avait été chercher l'aide d'un médecin, d'autres étaient restés en bas. Ils étaient trois ingénieurs, trois personnages seuls assis sur une traverse de chemin de fer. Personne ne s'était demandé, dans l'agitation qui commençait tout juste à retomber, comment on avait pu la transporter jusqu'au fond de la crypte, et surtout pourquoi. Tout cela n'avait plus aucune importance, les traverses, les chemins de fer, les locomotives, les machines infernales et les sessions d'essai.
Octave était toujours allongé, immobile.



- Et maintenant ? demanda l'un des ingénieurs.
- Quoi, maintenant ? répondit agaçé un second.
- Le vieux semble avoir cassé sa pipe pour de bon. Regardez ! Il est vraiment blanc.
- Il l'était déjà en venant ici,
renchérit un troisième.- Je voulais dire : plus pâle encore que tout à l'heure. Il m'a tout l'air d'être mort.
- Et ? Que ferons-nous, gentlemen ? Tenterons-nous de le réveiller ?
- De la mort ? J'en frisonne. Je ne pratique pas ce genre de rituel...
- Et surtout pas ici ! Vous avez vu cet endroit ? J'ai terriblement les foies, je vous le dit tout net. Laissons-le où il est.
- Ne trouvez-vous pas que l'air est plus respirable ? Moi j'avais toujours cette sensation d'écrasement sur le ventre quand nous opérions par le passé dans cette lugubre salle...


Tous trois firent silence en scrutant le corps gisant. Le premier ingénieur dit soudain, d'une voix faible pour ne pas briser trop violemment le silence :

- Je ne me souviens pas m'être assis pour réfléchir depuis au moins plusieurs mois.
- Eh, moi non plus. C'est agréable de ne penser à rien un instant.
- Bah ! Quand on ne pense à rien, on pense à la mort, c'est bien connu,
grinça le troisième qui fixait toujours le gisant.
- Je me demande ce que nous allons devenir.
- Il vous manque déjà ? Moi je me sentirais pousser des ailes. C'était un vrai tyran.
- J'ai entendu dire que c'était le diable, au sens propre j'entends.
- Balivernes ! Qui a bien pu vous dire ça ?
- Les ouvriers le disaient. Très souvent.
- Les ouvriers ! Ce sont des illétrés, tous plus sots les uns que les autres. Ils croient n'importe quoi. Tenez : eux seraient à plaindre. Combien De Roop en employait-il pour faire fonctionner sa machine ?
- Je dirais près d'une centaine. Tous au chômage...
- Sans compter nous autres ingénieurs, qui avons dû superviser tout ce projet. Maintenant que tout cela est bel et bien tombé à l'eau, dites-moi honnêtement, à quoi tout cela servait-il ?
- Quoi, vous n'avez pas été en charge des plans ? Vous étiez son préféré pourtant, il me semble.
- Erreur, l'ami ! Le préféré, c'était lui.
- Moi ? Mais je n'ai jamais pu jeter le moindre regard sur les plans !
- Voyons, c'est insensé. Peut-être que quelqu'un d'en-haut...


L'un des ingénieurs se leva et parla d'une voix plus forte.

- Non. Cette fois je pense ouvrir un peu les yeux.

Restés assis, les deux autres levaient les yeux.

- Je pense pouvoir ouvrir les yeux maintenant que les oeillères sont tombées. Messieurs, levez-vous... Il ne sert plus à rien de nous en remettre à une force supérieure. Nous étions cette force.
- Vraiment ?
- Je crois bien... Il n'y a personne aù-dessus de nous. Du moins, plus maintenant. Levez-vous, vous dis-je !


Ils s'executèrent.

- Nous étions en haut de l'échelle et nous n'avons rien vu...
- Il aurait confié les plans à d'autres ?
- Vous ne comprenez pas. Il n'est plus question de plans ! Tout cela est terminé. Personne ici-bas ne savait ce qui faisait tourner cette machine ! Nous étions tous payés, voilà tout. De simples éxecutants, car le vrai patron c'est lui. Pardon, c'était...
- Alors il est vraiment mort ?
- Sa poitrine ne bouge plus, il a cessé de respirer. Ah, je pense à demain... Quelles obsèques pharaoniques il pourra se payer, cet homme-là... Les journaux n'en feront qu'une bouchée. Et les Enfers aussi, grâce à Dieu !
- Accordons-nous le temps d'une prière. Tout homme a droit à son salut, n'est-ce pas ?


Les se tinrent l'un à côté de l'autre, leurs têtes penchées surplombant le cadavre d'Octave. De longues maniutes de pieux recueillement. Mourir dans une crypte, voilà qui facilitera les choses pour le fossoyeur, songaient les trois ex-lieutenants du roi du Rail, assez honteux qu'une telle pensée traverse leur esprit pendant qu'ils cherchent à racheter l'âme de leur bourreau.
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MessageSujet: Re: Dans les catacombes, l'horizon funèbre   Dans les catacombes, l'horizon funèbre EmptyMer 12 Aoû - 2:14

La clarté d'une nuit de une mi-pleine coula depuis les escaliers. Descendant quatre à quatres les marches croulantes qui menaient aux catacombes, arriva un très jeune bourgeois vêtu de l'habit des capitaines d'industries, expédié depuis la surface pour juger du décès. Il était là à quelques mètres de lui, cet homme tant adulé, ce modèle pour les entrepreneurs débordant d'énergie et d'ambition... Le jeune homme se rapella, pour se rassurer un peu, qu'après tout "les faibles sont mangés par les plus forts". Cet autrichien n'est qu'un homme de moins... On dit que la guerre a déjà prit fin, là-haut, à la surface, et que les pertes sont catastrophiques. Personne ne verra qu'un homme est tombé sous terre, fusse-t-il ministre, on le remplacera, comme on a toujours remplacé les hommes tombés.
Il interrompit les prières de ses trois subordonnés en déclamant d'un air faussement sûr de lui. Il était en fait immensément impressionné.


- Amis, je viens par moi-même constater du décès de monsieur Octave de Roop. Savez-vous, on en parle déjà aù-dessus de vos têtes... On parle déjà de le remplacer par monsieur Dumarais au poste de Premier Ministre. Quel arriviste, soit dit en passant ! Dans les hautes sphères de la Chambre de Commerce, on est catastrophés, ce sera l'affaire du siècle dès demain matin. Je ne m'en réjouis pas, notez bien... Mais quel évènement ce sera ! Ah ! Nous avons pris un peu d'avance... Les premiers remontés, avant de prendre leurs jambes à leurs cous ont répondu la nouvelle de la mort de ce... déjà regretté Octave. Je voulais simplement le voir, de près...

Passionné et le visage malsain, le jeune bourgeois se pencha pour voir de près, impitoyablement le cadavre. Voilà ce que c'est que d'être tombé, se disait-il. Il trouvait cela beau. Les ingénieurs, temples de raison immobiles et impassibles, restèrent coi en regardant le messager. Il n'y a rien à répliquer. Cela fonctionne de cette manière.
On entendit que le souffle du vent chassant dans les murs de l'église, mais avec lui un souffle plus proche, et qui semblait légèrement sifflant. Ce sifflement se mua en ronflement grave. Les ingénieurs seuls commençèrent à trembler à la pensée de ce que ç'aurait pu être.
Le jeune homme, à croupi sur le corps du gisant, retourna vers les trois compères un sourire maléfique. Il semblait lever la tête d'un repas de carnassier qu'il était en train de faire. Les visages virèrent de l'inquiétude à la terreur alors qu'ils firent tomber leurs yeux sur le cadavre. Le jeune ne compris pas. Il chercha à lire des regards. Il tourna la tête de nouveau. Et vit Octave. Les yeux ouverts, la tête relevée et fusillant du regard celui qui le dévorait des yeux.
L'air se changea en gaz enflammé dans les poitines, les gorges se serrèrent d'effroi, les teints pâlirent. Le temps et l'espace n'existaient plus.


- Qu'est-ce que vous avez me regarder comme ça, bande d'inutiles ? Où sont passés les autres ?
- Tu vois ! Tu vois ! Les ouvriers ont toujours raison !
couina un ingénieur d'une voix suraigûe.
- Mon.. Monsieur, taisez-vous !bafouilla un autre.
- Celui-là est le démon ! Il est revenu de l'Enfer ! C'est un suppôt de Lucifer !
- Nous sommes perdus !


Octave grogna énergiquement et se leva avec plus de souplesse qu'on n'aurait pu en attribuer à un homme de son âge. Les témoins de l'incroyable spectacle qui venait s'avoir lieu en demeuraient tétanisés. Le souffle court, ils ne quittèrent que rarement des yeux la seule sortie de la salle.

- Qu'attendez-vous ? Quelle est cette manie si nouvelle de rester stupidement plantés de la sorte ? Je vous l'interdit ! Bougez, faites des mouvements ! Ne restez pas immobiles, mille tonnerres !

Ce fut l'excitation de trop. Au premier geste d'Octave, ils partirent tous comme des animaux terrorisés, gravissant avec une vitesse olympique la volée de marche. De Roop prit une profonde inspiration. Il se tint debout fièrement, de toute sa hauteur, comme réveillé d'un sommeil réparateur. C'est comme si vingts années de rides et de cavités s'étaient volatilisées parmi les morts qui l'entoure. Jetant un dernier coup d'oeil à son imposante machine, il attrapa sa veste et courut vers la surface.
Son coeur se remettait à battre. Il n'avait pas couru depuis longtemps. Surtout pas dans un escalier aussi long et sombre. Il se rapprochait à chaque pas un peu plus de la lumière, de retour vers la surface, bondissant sur les marches. Apportant un message d'En-Bas, de plus profond. Cette lueur vers laquelle il courait, n'était plus la bienfaisante lumière du progrès, cette voie qu'il empruntait n'était plus celle de la guérison.

Comme un chevalier investi d'une mission, il surgit en plein office de la matinée, devant une foule de fidèles éberlués. Le père Gaudriole, en tenue sacerdotale, fit volte-face avant de hurler en brandissant son crucifix.


- Vade retro, satanas !

Octave dévisagea chacun et chacune, prenant soin d'insister sur les figures aisées du premier rang. Son regard planté sur l'ecclesiastique, de son sourire mauvais il échappa un puissant grognement. Les lourdes portes de l'église claquèrent et un flot d'apeurés se déversa dans la rue, le père Gaudriole leur emboitant le pas en meuglant à qui veut l'entendre des prophéties le retour du diable.
Survolté et comme un homme neuf, l'importun venu des catacombes marcha d'un pas décidé vers ses bureaux de la Chambre de Commerce et d'Industrie en ramassant un chapeau haut-de-forme tombé de la tête d'un fuyard, sous les cris d'étonnement des citadins matinaux qui avaient déjà acheté le journal du jour.
Collés à la vitrine des brasseries, les ouvriers encore sous le choc des évènements de la nuit passée assistaient à la résurrection de leur leader, impuissants, inquiets, perplexes ou en plein désespoir. La nouvelle se répandit dans la ville plus rapidement qu'une trainée de poudre embrasée.
Bientôt, on verrait bien l'horizon se rapprocher. L'horizon funèbre d'Octave de Roop, industriel, mort et ressuscité.
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