Des chants lui revenaient encore de Moscou et du Kremlin... Quel voyage éprouvant. Les routes sont mauvaises !
Il revoyait se tracer sur la route les ombres des femmes de l'Est et leurs charmants sourires... Il revoyait les feuilles mortes, les pavés de la petite place où il avait sa maison, menue et nichée en haut de quelque rue pauvre. Sa vie, il se la rappellait parfois...
Né de parents libraires, Alexei n'a toujours vécu que dans une pauvreté toute relative : rien ne semblait lui manquer. En revanche, il voyait les riches, bouffis d'orgueil et pleins de suffisance d'un oeil moins bon. La misère, il la considérait positivement, comme un état dans lequel on était libéré de toute contrainte matérielle.
Alexei reçu son éducation par ses parents et leurs livres, principalement. Il a découvert et étudié, en autodidacte, les plus grands auteurs russes et européens. Il fut vers l'âge de ses quinze ans engagé dans un petit café local et gagna de quoi se payer quelques maigres études, et un petit logement dans le centre de Moscou.
Bien qu'il ne croule pas sous les diplômes et les distinctions universitaires, Alexei a développé en dehors des bancs de l'école une certaine sagesse et une philosophie de la vie inspirée de celle des romantiques qui apparaissent en Europe occidentale.
Vers ses vingts ans, et jusqu'à aujourd'hui, il milita dans l'Union Fédérale Anarchiste de Russie, tout en veillant à garder une certaine distance et une certaine indépendance envers cette dernière.
Bien des années plus tard, il décide de voyager jusqu'en Europe dans cette ville que l'on appelle Métropolis, cette ville sur laquelle l'Europe a braqué tous ses feux. Assez peu entouré, écrivain romantique par la force des choses et solitaire dans l'âme, Karivine vit tout de même de ses quelques publications critiques, poétiques et philosophiques dans le petit hebdomadaire moscovite "Le Peuple Libre".
Alexei y développe dès lors une partie de ses convictions : il considère l'anarchisme comme un idéal de vie à atteindre pour chaque individu. Il prône une vie simple, humble mais riche de connaissances. Il glorifie la nature comme le lieu providentiel d'habitation pour l'Homme.
Il observe l'être humain aussi comme on étudierait des insectes. Si il préfère souvent la solitude, il apprécie particulièrement s'exprimer à l'oral. Bien qu'il n'en ait pas réellement conscience, on lui prète de grandes qualités d'orateur...
Sans pour autant l'être lui-même, il fréquente quelques socialistes russes, mais trouve ses semblables chez les écrivains, les poètes, les compositeurs, ou les précurseurs du pacifisme et de la non-violence.