Non loin de l'église, les passants circulaient souvent sans voir cette maison, délabrée et vieille, surement survivante et témoin silencieux de plusieurs guerres. Un homme y vivait avec sa femme et ses quatre enfants ; il se nommait Pierre Coueyrec et en fier syndicaliste ouvrier avait adhéré à la CAS dès sa fondation.
Ce jour là, tandis qu'il déjeunait avec femme et enfants, il vit pénétrer chez lui quatre hommes, dont un qu'il connaissait bien -le commissaire du peuple Torellini-. Ce dernier vint vers lui immédiatement et le prit par le bras.
<< Bonjour camarade ! Comment vas-tu ?!
-bien bien, et vous ? Si je puis me permetre, que me vaut cette visite ?
-tu as bien dit au camarade Joseph que la charpente de ta maison était au plus mal et que l'eau passait par ton toit non ?
-en effet mais...
-c'est pour ça que je suis là ! Je te présente les camarades Audelin, Jean-Paul et Frédérique ; tous trois se sont proposés pour t'aider aux réparations, ils travaillent comme charpentiers dans un quartier voisin. Si tu as besoin de loger... tu connais le camarade Andrejev n'est-ce pas ? Parfait ! Il vous hébergera le temps des travaux si vous le désirez !
Emmenant Pierre à l'écart pendant que les charpentiers et sa famille liaient connaissance, Bénédicte continua.
Dis moi mon ami, ta famille se porte-t-elle bien ?
-oui oui
-parfait ! Tu m'en vois très heureux. Le camarade Joseph m'a dit que ton fils se débrouillait très bien à l'école. S'il continue comme ça, le syndicat pourra sans doute trouver des fonds afin qu'il puisse poursuivre des études et devenir un homme important.
-C'est vrai ? Oh merci monsieur !
-Voyons, il est normal d'encourager les esprits brillants mon ami !
-Mais vous amenez ici des camarades pour m'aider à réparer ma maison, vous offrez des études à mes enfants... personne n'avait jamais fait tant pour nous !
-Allons, allons... tu sais comment fonctionne la CNST, non ? Nos trois camarades ci présents fournissent leur talent de charpentier comme contribution au fonctionnement du syndicat, de même que t'héberger sera une partie de la contribution du camarade Andrejev.... mais dis-moi... d'après ce que j'ai vu, toi même, tu n'as pas fourni ta contribution au cours de ce semestre ?
-Moi ? Euh, enfin je...
-Allons mon ami, ne t'inquiètes pas... ce n'est pas grave. Tu es fondeur à la Throns Métalurgie & Cie n'est-ce pas ? Dur métier que fondeur. Tu peux être fier du travail que tu fournis pour nourrir ta famille...
Dis-moi... ton patron a bien l'intention de rejoindre la fédération de De Roop, la fédération Itacante si jamais elle est créée, non ?
-heuu... oui en effet... j'en ai entendu parlé...
-bien ! Que peux tu me dire de cette fédération Itacante camarade ?
-pas grand chose camarade. Je sais juste que le patron considère que l'entreprise ne va pas pour le mieux et qu'il souhaite rejoindre ce De Roop dans cette organisation patronale.
-Ce n'est pas grave mon ami. Voila ce que nous allons faire... je vais retourner au siège de la CNST maintenant. Dans une semaine, je reviendrai pour voir l'avancée des travaux de rénovation de ta maison. Et là, tu me raconteras tout ce que tu sais sur les intentions de ton patron et sur cette fédération Itacante. D'accord ?
- Comptez sur moi camarade !>>
Torellini salua la maisonnée et les charpentiers puis repartit, satisfait de cette journée.