Les dirigeants de la CAS/CNST Crow et Torellini mangeaient à une table, accompagnés de quelques camarades. Le repas était frugal mais nourrissant, le tenancier ayant accès aux stocks tenus par la CNST pour tenir sièges et piquets de grève. Ils avaient tous appris pour Ludwig II et l'humeur à table était partagée :
<< A votre avis camarades, que peut on faire pour conserver un brin de pouvoir politique dans cette démocratie de paille ?
- J'ai bien mon idée mais pas sur que ça te plaise Bénédicte.
- Dis toujours...
- Tu as gardé contact avec des députés de notre camp, mais non affilié... puisqu'ils ont une dette envers nous, j'ai une idée... ils vont fonder un parti socialiste, en prétendant être garants de la monarchie constitutionnelle avec intention d'obéissance et toutes ces idioties d'étiquette royaliste. Même s'ils ne font rien, nous saurons grâce à eux tout ce qui se passe au parlement, immédiatement. On pourra réagir très vite pour mener nos actions.
- Mais ce n'est pas un pouvoir politique ça, l'interrompit un camarade.
- Si, dans la mesure ou nous sommes avant toute chose un syndicat armé. Les légistes ne servent de toute façon à rien dans un régime démissionnaire libéral doublé d'une monarchie d'opérette ou tout l'exécutif demeure entre les pleines mains d'un monarque.
- Assassinons le !
- NON !! La voix de Torellini avait tonné alors que tous s'attendaient, lui qui était si radical, à ce qu'il soutienne un attentat contre Ludwig II. Il s'exposa dans un silence révérencieux. Les autres membres de sa famille sont des êtres bien plus proches du tyran que j'ai assassiné tout à l'heure, les conséquences pour nous seraient bien pire. La situation avec ce gugusse là est moindre. Rien n'empêche les attentats pour montrer que cette tyrannie ci ne nous convient pas plus, mais ce roitelet va nous aider sans même s'en rendre compte. Avec sa volonté de faire semblant d'être démocrate, nos camarades pourront de nouveaux circuler, nos réunions pourront avoir lieu sans grand danger et nous pourrons aussi retourner dans nos caches pour y récupérer notre précieux équipement. La CNST va reprendre son essor.
Nous allons devoir nous activer dans tous les lieux où le travailleur souffre, est exploité, et nous aurons alors un poids bien meilleur que celui que nous aurions jamais pu reprendre sous l'autre fou furieux.
Pour fêter l'avènement du renouveau de notre syndicat, je vous propose de faire sauter le pont au nord de la ville lorsque la CRA passera dessus pour retourner au pays !>>
Ces dernières paroles furent saluées par un tonnerre de rire joyeux et de tintement de pintes qui trinquaient gaiement dans l'attente de voir les survivants de la CRA tomber piteusement au fond du ravin par-dessus lequel qu'ils soient en train, à cheval ou à pieds ils seraient contraints de passer.