Il sautillait de joie depuis qu'il avait reçu, tôt le matin, une missive de l'impérator qui le nommait Ministre de la sureté intérieure. A plusieurs reprise ses sautillement avait failli lui faire perdre son oeil de verre...
Il avait du la lire 1839 fois depuis le matin et avait du mal à y croire.
- L'Imperator a écrit:
- Monsieur Dumarais,
Parce qu'il reconnait en vous un homme de qualité et de réseau propre à fédérer les attentes populaires en matière de sûreté, et en ces temps de guerre, nous avons besoin de politiciens populistes qui arrachent l'adhésion des masses, l'Imperator de Métropolis décide en son âme et conscience de vous confier le poste de Ministre de la Sureté Intérieure sous la responsabilité du Premier Ministre, Monsieur De Roop.
Pour pouvoir,
Son Excellence l'Impérator Ludwig II de Metropolis.
Désormais à son bureau, il pouvait réaliser qu'il n'avait pas rêvé ou n'avait pas été victime d'une mauvaise blague parce que le ministre, c'était bien lui ! Son rêve devenait réalité. Le pouvoir lui ouvrait ses portes !
Son programme désormais était simple. S'imposer peu à peu grâce à ses amis journalistes et à la propagande. Ratisser large avec l'ensemble des journaux à ses côtés. Jouer sur la corde sensible du pauvre. Diviser les pauvres pour mieux régner. Savoir parler comme le prolétaire et aussi comme le bourgeois, savoir gueuler pour impressionner, faire parler de lui sans arrêt en mal comme en bien, arriver à faire croire qu'il réussirait... La première partie de son plan était en marche...
Il s'assit à son bureau et se mit à parler tout seul, face à un large miroir au dessus d'une petite cheminée de marbre.
- Moi je vais vous nettoyer cette ville, je vous le promets ! Ouais, c'est pas normal que l'honnête travailleur trime pendant que des malfrats leur prennent tout ce qu'ils ont, les vampirisant ! C'est pas comme ça que ça se passe ! Moi je vais vous nettoyer cette ville et je vais la rendre aux honnêtes travailleurs qui se lèvent tôt !
Il se regardait dans la glace. Il s'admirait, fier de son effet. Il notait son discours en même temps.
- Vous, les pauvres, je suis avec vous ! Je vais vous permettre de gagner plus, moi ! Mais il va falloir accepter de travailler plus ! Comme disait ma grand-mère, on n'a rien sans rien ! Pas de pognon pour les fégnasses ! Pourquoi vous vous décarcasseriez au boulot, vous alors que d'autres ne font rien sur votre dos ? C'est pas normal ! Et on va changer ça ! Je vous le promets ! Vous qui turbinez dure, moi je vais vous récompenser, parole... Et l'état va vous aider avec la solde de guerre ! 20% de salaire en plus ! Mais vous ne l'aurez pas sans rien, ça c'est sûr ! Les tires au flancs n'auront rien pour que ceux qui bossent aient plus ! Servir la nation en guerre, ça nécessite une prime ! On va vous la donner ! Mais faudra bosser !
Il s'interrompit pour réfléchir puis repris dans la foulée.
- Nous nous attaquerons également au problème des travailleurs Cathanes qui, on le sait bien, sont l'avant-garde d'une future invasion ! La Verdurie vient de s'en apercevoir à ses dépens ! Aujourd'hui elle est sous le contrôle de la Cathanie ! Et pourquoi ? Parce que pendant des années elle a laissé les Cathanes infiltrer son pays ! Le ver était dans le fruit et cette infiltration de l'ennemi a coûté la dissolution de l'état de Verdurie ! Nous ne commettrons pas l'erreur des Verduriens ! Nous expulserons les Cathanes hors de nos frontières et nous les chasserons aussi de Verdurie ! Cela fera d'avantage de travail pour les honnètes travailleurs Métropolitains ! Et en temps de guerre, qui plus est contre la Cathanie, nous ne pouvons pas nous permettre de garder un seul de ces ennemis potentiels sur notre sol !
Il nota de nouveau sa phrase avec un + dans la marge...
- Oui c'est bien ça, c'est percutent, ça va leur parler, ils vont m'adorer.
Puis un détail attira son regard. Le portrait d'une très jolie jeune femme, sur le mûr d'en face, une jolie blonde aux yeux verts. L'air dynamique et sûre d'elle. Il s'approcha. Un portrait qui avait du être oublié là lors de l'expulsion du palais,par Ludwig I, en septembre 1838...
- Foutre, qu'elle est Gironde cette donzelle ! C'est ça, oui c'est ça qu'il me faut...
Il s'installa dans son fauteuil de ministre et ferma les yeux pour savourer la réussite de son plan. Tout exactement tout se passait comme prévu. Il observa de nouveau le portrait de Chiara...
- Oui c'est parfaitement ça ! C'est ça qu'il me faut ! C'est elle qui me permettra de créer ma dynastie. Sûr ! Et puis le peuple adore ça, les histoires de couples...
Son directeur de cabinet frappa puis entra...
- C'est quoi ?! demanda-t-il sèchement.
- Monsieur, votre rendez-vous avec l'inspecteur Javert, chef de la Police de Métropolis, est annoncé.
- Ouais fais-le entrer, j'ai à lui toucher deux mots, moi ! Va falloir qu'il se remue pour me nettoyer tout ça parce que c'est une sacré chienlit en ville
Puis il rappela son chef de cabinet qui était sorti pour appeler Javert...
- Oui Monsieur le Ministre ?
Il savoura cette question. C'était si bon de se faire appeler Monsieur le Ministre...
- C'est qui la donzelle là ? Vous le savez ?
- Ah c'est vrai que Monsieur le Ministre est nouveau donc il ne peut pas savoir qu'elle est la cheffe de file des parlementaires démocrates.
- A la bonne heure ! Et bien soit, prenons donc quelques démocrates dans l'équipe. Faut qu'on ratisse large si on veut réussir. Oui aller me chercher quelques démocrates et évidemment en premier lieu cette gourgandine.